Impressions du jour : la haine contre l'auteure Sylvie Germain

 

À lire la presse, Sylvie Germain, auteure reconnue, fait l'objet depuis plusieurs jours de messages de haine sur les réseaux sociaux. Ils émanent de lycéens, candidats à l'épreuve du bac de français 2022, mécontents du choix d'un texte extrait d'un de ses ouvrages Jours de Colère (Gallimard-1989). 

Le choix des mots et des expressions, contenus dans les messages circulant sur le net à l'encontre de l'auteure, témoigne dans la plupart des cas d'une véritable haine. Nous passerons sur les termes employés, pour nous attacher uniquement à l'acte lui-même qui consiste à insulter quand ce n'est pas menacer une écrivaine, simplement parce que le texte incriminé est jugé trop compliqué à comprendre.

Dans une réponse publiée dans le Figaro, Sylvie Germain considère qu'elle n'est "qu’un prétexte, je ne me sens pas concernée personnellement. Je suis plutôt inquiète du symptôme que cela révèle. C’est grave que des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité puissent montrer autant d’immaturité, et de haine de la langue, de l’effort de réflexion autant que d’imagination, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit. Le passage à analyser n’était pas délirant, le vocabulaire était accessible, mais certains se contentent d’un vocabulaire si réduit, riche seulement en insultes et en invectives, que tout écrit un peu élaboré leur est un défi, un outrage". Et de poursuivre : "Ils veulent des diplômes sans aucun effort, se clament victimes pour un oui pour un non et désignent comme persécuteurs ceux-là mêmes qu’ils injurient et menacent. Quels adultes vont-ils devenir?..."   

Tout est dit dans ces quelques lignes de réponse de l'auteure. Mais deux questions subsistent. La première  qui est de savoir comment en est-on arrivé à ce stade de déliquescence de l'enseignement dans notre pays ?  La seconde : comment accepter de voir se développer chez les plus jeunes ce goût de l'invective, des insultes haineuses et des menaces de mort ?